03janv.2010
La surpopulation carcérale a-t-elle pour conséquence l’augmentation des suicides en prison ?
C’est à un travail capital sur les éventuels liens entre la surpopulation carcérale et le suicide en prison que se sont livrés des chercheurs du l’INED et des membres de la Direction de l’administration pénitentiaire. Les réponses contrastées auxquelles ils sont parvenus, dans le cadre d’une brève étude, méritent d’être mises en lumière.
En 50 ans, le taux de suicide a été multiplié par 5 dans les prisons alors qu’il restait stable dans la population (masculine de 15 à 49 ans) générale. Aussi surprenant que cela puisse être, le taux de suicide diminue avec l’augmentation du taux de surpopulation carcérale. D’ailleurs, la moitié des suicidés étaient seuls en cellule. Voici qui bat en brèche le sacro-saint principe de l’encellulement individuel, qui est souvent prêché sur ces pages.
Autres enseignements : les prévenus se suicident deux fois plus que les condamnés et le taux de suicide augmente avec la gravité de l’infraction.
Toutefois, les auteurs de cette étude le reconnaissent eux même, il est malaisé de connaître les raisons qui ont mené au suicide et donc de tirer des enseignements généraux au terme de ce qui n’est qu’une première étude qui en appelle d’autres.
Commentaires
vendredi, 8 janvier 2010 | à 14:23
La question du suicide en prison est plus complexe que ce que l'on pourrait croire. La question du suicide, en dehors du milieu carcéral est elle même complexe.
L'acte suicidaire est un acte avant tout personnel: l'individu ne voit que cette solution pour la résolution de ses problèmes.
On a beaucoup écrit sur le suicide en prison et je ne vais pas tout retranscrire ici. Mais je voudrais rappeler quelques points.
Le fait que l'on se suicide plus souvent en cellule individuelle qu'en cellule collective est plutôt une évidence. Le codétenu peut-être un interlocuteur de confiance qui écoute la souffrance de l'autre et qui parfois alerte le personnel sur la situation critique que vit son compagnon de cellule. Le codétenu peut aussi être celui qui sauve la vie en prévenant le personnel ou en prodiguant les premiers gestes de secours.
L'administration connait ce principe et c'est pourquoi les détenus repérés somme fragiles sont doublés en cellule.
le taux de suicide est plus élevé que dans la population libre car souvent la population incarcérée est une population plus fragile psychologiquement. Cela n'explique pas tout, mais c'est un facteur aggravant.
Pour reprendre l'exemple donné dans le billet, on sait qu'un prévenu sera à surveiller plus attentivement avant son passage devant la juridiction de jugement. Le jugement est un évènement traumatisant de la vie d'un détenu. Il est alors confronté à ses actes, à ses victimes ou leurs proches et à la question de sa culpabilité.
Analyser l'acte suicidaire doit permettre de détecter la crise avant qu'elle ne devienne irréversible. A ce titre, des formations sont dispensées au cours de la scolarité de tous les personnels pénitentiaires et des formations continues sont également dispensées durant la carrière de l'agent.